Expérience


Expérience


En Asie. 2 semaines en Chine, 30 jours en Mongolie. Je ne sais pas à quoi m'attendre ni ou je vais. Je ne connais rien ni personne. Voici l'expression des impressions d'un parachuté à l'autre extrémité des cultures. Un grand type un peu perdu qui sort de son ile placenta pour essayer de renaître dans un autre monde, juste pour voir...

J'essaierai, au gré des possibilités, d'inscrire ici quelques extraits de mes notes de voyage.

Wednesday, May 25, 2011

Les Autres

La peur, celle qui est difficle à apprivoiser, de l'autre. En public, difficile ne pas être sur un rush d'adrénaline. Une crainte constante et absolument non fondée. En situation de majorité mon système ne sécrète aucune chimie particulière en présence des étrangers. Mais je réalise ce que c'est que d'être une minorité visble. Les regards qui sont fascinés par ma personne. Mon corps, ma barbe, mes jambes. Comme si ça me rammenait à l'époque du secondaire.



La Chine n'est pas multiculturelle comme d'autre pays occidentaux... Le Canada en l'occurence. Entre eux, étrangers ou pas, ils semblent appartenir à une même famille. La pudeur est occidentale. Les toilettes publiques sans murs, où les gens s'accroupissent pour chier dans un trou en chinoisant à la bonne heure! Les parents qui font pisser leur petite fille sur le trottoir. Les gastrulances et flatulances aussi banales que de se moucher.

Il me reste une semaine pour m'habituer. La difference fondamentale. Cette peur... elle vient peut-être de cette différence, entre autre. Du fait que je ne comprends pas ce qu'ils disent. Et de ma déficiance de langage. Ne pas comprendre, ne rien comprendre. Je suis sourd. Je ne vois que les gestes et les expressions, qui en occident passent pour de l'hostilité, de la bravade, de l'arrogance.


Dans le train vers Datong. Un mec descend de son lit puis échappe son cellulaire par terre, à mes pieds. Je le prend et le lui rend, tout sourrire. Me répondant d'un sympatique xie xie, il m'offre une cigarette. Mais voila qu'il m'en offre une autre. Puis une autre. En essayant par tous les moyens de se comprendre (dessins, phrase book, gestes) j'ai fini par comprendre qu'il allait travailler a Datong, qu'il serait là deux jours, puis retour a Beijing. Lui de comprendre que j'y allais pour le voyage, les cavernes du yougang et les monastères suspendus, puis Wutaishan le surlendemain. Il m'offre une autre cigarette. La situation est très agréable. Une heure plus tard, l'attention est portée sur moi dans toute ma section du wagon. Comment je prononce, comment j'essais de parler chinois, les quelques mots. Les gens rient d'un rire tendre et sympatique.

Le mec m'offre une autre cigarette. Puis m'invite a prendre un repas dans le restaurant du train. Sa façon de me regarder, intense, à répétition. Chez moi j'en aurais déduis qu'il est gai. Je me le suis demandé une seconde. Je ne le sais toujours pas. Je trouvais son hospitalité un peu louche, surtout quand il m'a fait comprendre qu'il m'invitait à aller dormir dans sa chambre d'hôtel (bon, bien sûr j'ai refusé, même s'il insistait). Pourquoi il m'offrait ça? Je me suis rappelé qu'il était à Datong pour le travail. Peut-être sa compagnie lui payait sa chambre d'hôtel, qu'il me trouvait bien sympa, donc, afin de m'éviter de m'en payer une moi-même, il m'invitait à partager la sienne, chose peut-être bien normale dans l'est. Assez louche dans l'ouest. Sinophiles, qu'en pensez-vous?

Il faut dire que j'ai aussi developé un méchanisme de défense à Beijing, en me faisant aborder par toutes les crapules de l'orient pékinois. Ma hauteur fait de moi un phare repère pour ceux qui veulent se faire 100 yuans. Ils me voient venir de loin. Par exemple, ce couple rencontré près de la place Tian Anmen. En anglais, on se présente. C'était mon deuxième jour à Pekin. Je le leur ai dis, ils ont donc continué en force. Présentation, ce que je fais, ce qu'ils font, où nous allons, d'où venons nous... conversation intéressante qui a abouti dans une maison de thé à quelques 100 mètres de là. J'avais lu exactement ce scam dans le guide Lonely Planet, donc je me méfiais. Avant de commander, je regarde le menu, et me rend compte que le prix d'une caraffe de thé varie entre 280 et 1800 yuan (entre 50 et 300$). Le con, il a même osé insister, me faisant croire que c'etait la norme en chine. Je lui ai offert d'aller boire une bouteille d'eau dans un parc. Il n'a pas voulu, je me suis cassé.

Dans la même journée, plusieurs racoleurs de la sorte m'ont abordé (comme ce faux artiste qui voulait me vendre, 300 yuan (50$), au lieu de 600 (100 piasses) parce qu'il m'aimait bien, une encre sur papier de riz qui devait valoir 1 yuan dans un entrepôt de souvenirs. ça te rappelle quelque chose, Emma? :P j'ai pense à toi et j'ai compris pourquoi tu t'étais fais avoir... leur technique de vente sous pression ferait fondre en salive tous les vendeurs de voiture d'occasion du Québec... j'ai du combattre pour ne pas lui acheter sa cochonerie et qu'il me foute la paix, mais j'ai plutôt opte pour la poudre d'escampette, en l'écoutant hurler à baisser son prix de 10 yuan à mesure que je m'éloignais. Je l'ai entendu hurler 30 yuan en sortant du magasin, mais il était trop tard... son chien était mort!). (je ne mentirai en disant que je n'ai pas marché rapidement vers le métro le plus près, de peur qu'il fasse une connerie du genre que mon imagination me servait à la pellete sur le moment)

Donc après une dizaine de ces rencontres vraiment inconfortables, j'ai commencé à ne plus rien dire, marcher plus vite, crier BU YAAAAA (je n'en veux pas), m'inventer un langage et leur faire croire que je ne comprends pas l'anglais (genre de faux phonèmes russes.. celle là était particulierement amusante, à voir gesticuler la pauvre fille pour se faire comprendre "drink beer with beautifull girl!" oui oui, c'est ça ma jolie)

Le prochain je vous le prend en photo, si j'en ai les couilles!



C'est un gros paradoxe cette défensive. J'ai aussi vécu des rencontres vraiment extraordinaires. Cette familiarité chez les chinois ne se marque pas que par leur flatulances. Une chaleur entre les gens si familière justement comme on en voit rarement entre inconnus chez nous. Loin de mon individualisme agoraphobe. Comme ce maître de cerf volant rencontré au Temple of Heaven, au milieu d'un petit bois, une petite clairière, ou s'amusaient des gens, de vieux chinois passionés. Chung Wah, Maître de Cerf Volant. Je sais pas si c'est le bon terme, maître de cerf volant. Il n'en est pas le pilote ni le chauffeur, évidemment... il le laisse voler, lui faisant croire qu'il est libre. J'ai tenté de lui faire part de ma tendre poésie, mais à travers les quelques mots trouvés dans le phrase book il a probablement compris quelque chose comme Cerf-Volant et Liberté. Je n'ai pas vu de réaction mais ok.. close enought. Nous nous sommes quand même serrés la pince et avons tentés de discuter un moment. Il m'offre 2-3 cigarettes et tente de m'apprendre quelques mots chinois. C'est peine perdu. Je crois par contre que Cerf Volant se traduit par FengZhough. Mais je suis pas certain. Je suis resté assis à ses cotés pendant une bonne demi-heure a savourer cette échange qui m'a fait beaucoup de bien, au milieu d'un boisé, dans cette mégalopole.

Ce genre de chose s'est repétée à quelques reprises.. ici par exemple, au wutaishan, où les gens semblent vraiment beaucoup plus zen que dans les grandes villes. Moi et 2 chinois avons passés presque une heure à échanger des cours d'anglais / chinois a l'aide de mon phrase book. Grand moment de tendresse! On pourrait mettre ça dans une pub d'air canada!


Je suis au Wutaishan maintenant, il me reste environ 3 minutes d'internet. Donc je me dirige vers Pekin pour préparer (encore) mon voyage en Mongolie!

Plein d'autre choses à raconter aussi.

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