Expérience


Expérience


En Asie. 2 semaines en Chine, 30 jours en Mongolie. Je ne sais pas à quoi m'attendre ni ou je vais. Je ne connais rien ni personne. Voici l'expression des impressions d'un parachuté à l'autre extrémité des cultures. Un grand type un peu perdu qui sort de son ile placenta pour essayer de renaître dans un autre monde, juste pour voir...

J'essaierai, au gré des possibilités, d'inscrire ici quelques extraits de mes notes de voyage.

Sunday, July 24, 2011

Au milieu du désert

Jour 3… Ça sent le sable dans le camion, qui file à travers la poussière. Une odeur jamais sentie avant; le sable, juste le sable. C’est sec et ça sent sec, et le paysage devient sable, beige sable. J’aime beaucoup ce décor, quelque chose que je ne vois qu’en photo. Sable et bleu, sable et ciel. Je suis absorbé. Les gens parlent anglais dans le 4x4 et je ne comprends rien, j’entends une rumeur opaque de phonèmes familiers qui m’intéresse moins que ce qui nous englobe, ce paysage gigantesque, cette pleine. Nous la parcourons durant une dizaine d’heures, encore et comme toujours.

Après quoi nous arrivons aux dunes. En sortant du camion la terre ne s’intéresse plus à moi… je sens m’envahir une faiblesse intense. S’en suivent des étourdissements, maux de tête… J’ai compris que la déshydratation arrive sournoisement, sans trop qu’on la soupçonne. Je n’ai pas soif, mais l’air très sec et le sable, qui vient éroder mes bras et mes jambes, les soulager du gras et de l’humidité, s’occupent de moi de l’autre côté, par les pores de ma peau. Mon urine, d’un jaune orange très opaque, a mis quelques jours avant de redevenir normale. J’ai dû boire lentement et en grande quantité jusqu’à ce que la couleur de ma pisse redevienne transparente.

Pendant ce temps, tout de même, nous voilà dans le vrai désert. Enfin, à ses portes. Le Khongor Sand Dunes est un endroit très au sud (« près » de la frontière de la chine… il ne faut surtout pas essayer de se rendre en chine en passant ici) qui « démarque » la frontière d’un désert de sable gigantesque, impressionnant, un peu épeurant quand on se figure son hostilité. En organisant cette expédition, nous avons vu sur la feuille « Khongor Sand Dunes »… « Sand Dunes »! Ces mots arrivent à notre cerveau comme une promesse, une raison de se mobiliser. Nous imaginant au sein de ces Dunes, nous avions choisi d’y rester 2 jours plutôt qu’un seul. Donc une journée complète après l’arrivée. Très bonne décision car première journée, nous arrivons milieu d’après-midi : une tempête de sable nous empêcha de faire, je dirais, tout ce qu’on peut faire dans le désert à l’extérieur d’une Ger, Tel que rencontrer les chameaux qui allaient nous amener aux dunes, puis escalader ces dites dunes. Il fallait donc attendre au lendemain. La fin d’après de l’après-midi fût assez relax, à prendre des photos de la tempête, à l’abri dans la Ger, à manger, boire de l’eau chaude et du thé, jouer aux cartes.





Les chameaux sont de belles bêtes, mais celles-ci ont été dépourvues de leur dignité avec la volonté des humains de les domestiquer, de les rendre utiles. Un gros morceau de bois est enfoncé dans leur nez afin qu’ils restent calmes et obéissants. Pour les contrôler, un petit coup sur la corde et hop! À Gauche, à Droite, arrête, avance. (C’est pas si simple pour les touristes, mais pour les mongols c’est un jeux d’enfant). Ce morceau de bois leur donne une face assez ridicule, toujours grimaçante, babine pendante et les yeux à moitié fermés. La pauvre bête tente quand même de garder ce qui lui reste de dignité en marchant la tête haute mais tout se gâche quand elle se met à ruminer, puis ruminer encore, puis en ruminant se met à péter, puis chier, et péter encore. Toujours à ruminer, péter, chier. Leur corps brûle de l’essence de façon constante. J’ai décidé quand même de nommer temporairement ma monture « Peter », avec l’accent anglais : « Peeteuah! ». Il pouvait donc faire la conversation avec Will, un de nos compagnons pour ce tour, qui vient d’Angleterre. Et qui, pardonnez cette parenthèse, s’est avéré être un officier de l’armée anglaise faisant parti du régiment qui a été créé en l’honneur du Général Wolfe, il y a environ 350 ans, mort en héro sur les plaines d’Abraham.

Enfin, après 20 minutes, j’ai eu envie de faire du cheval. Le chameau ne galope pas, suit le troupeau et en plus il pue. C’est pas très excitant sauf pour l’expérience... Ces bêtes (et leur guide) nous ont menés jusqu’au pied des dunes de sable. Voilà un défi de taille.


Notre expérience avec ce type de terrain s’est résumé à tenter l’escalade d’une dune, que j’ai appelé « the gate », la barrière. La première Dune avant d’entrer dans le désert de sable, une « Fat ass Dune ». Nous avons mis environ 50 minutes pour arriver au sommet, à environ 100-150 mètres peut-être? Dénivelé de 40-45 degrés. Sable mouvant, qui enfonce et qui vole par le vent dans nos yeux, nos narines, nos poumons, nos souliers, notre craque de fesse, notre appartement à Montréal…

Je sentais, en escaladant, les milliers de cigarettes qui hurlaient dans ma cage thoracique. Seule l’orgueil m’a poussé jusqu’en haut. Malheureusement, je n’ai pas de preuve visuelle car ma caméra était restée dans la Ger. Le sable lui aurait forcée à prendre son dernier cliché. Mais nous sommes finalement arrivé là-haut. En levant les yeux au travers le sable qui nous « sandblastait » le visage, d’autre sable, à perte de vue. Un paysage hostile et effrayant qui peut assécher quelque chose de vivant tout simplement en étant. Je n’ai quand même pas pris le risque de retomber l’autre côté. Puis après quelques clichés de mes compagnons de voyage, nous avons sautillé jusqu’à la terre ferme pour passer les 15 prochaines heures à nous en remettre. Expérience assez éprouvante avec le facteur assèchement, chose que j’ai trouvée intéressante à vivre quand même.


Friday, July 8, 2011

La Barrière de la langue


Difficile de communiquer. Parler à travers un déducteur. Sentiment amusant, nous rions chacun de notre réalité. Je n'ai pas les mots pour demander son nom, ni ceux pour comprendre les partitions. On se parle au compte goûte avec notre langage puis on rit devant cette sacade, ce miroir silencieux. C'est de façon soudaine qu'il met le doigt sur une corde et y glisse l'archès. C'est de façon soudaine qu'il me raconte son histoire. La note vibre et je comprend tout. Son histoire me parcours l'âme et fait battre mon coeur. Les notes se suivent et me parlent de moi-même. Nos émotions se côtoient. La musique est un langage universel.







Thursday, July 7, 2011

Au milieu du Désert





C'est surprenant le nombre de personnes qui me demandent, en voyage: pourquoi la Mongolie? Beaucoup de touristes en Chine me posaient cette question avec cet air dans la face: "pourquoi pas le Tibet"?...

Comme si cette destination était le tiers-monde, rien à voir que de la misère et de la poussière… prendre ses vacances dans le bois en arrière, c'est la même chose. Pourtant... ce que j'ai pu y voir est d'une grandeur et d'une beauté comme, je crois, on peut rarement en voir ailleurs... J'ai visité et quitté ce pays avec l'impression qu'il est encore unique; on sent assez bien la presque absence d'infrastructure touristique et son caractère très rudimentaire, ce qui fait une visite très riche. Splendide. On me dit qu'il y a 15-20 ans, on pouvait ressentir cette authenticité en Inde et en Thailande, par exemple. Ces pays n'ayant pas encore découverts le filon touristique très lucratif. Je considère la chance que j'ai de visiter la Mongolie maintenant car avec ses paysages surréalistes et sa culture extrêmement intéressante, je crois que c'est un bon potentiel.


Ce petit pays est immense : comparable au Québec en superficie. Sur environ 3 millions d'habitants... le tiers vit à UlaanBaatar. Ville comparable à la moitié de Montréal par sa superficie. Mais c'est pas pour UB que le pays m'intéresse. L'étendu des paysages du côté de la campagne est magnifique. On se sent minuscule. Les pleines sont immenses et leur densité de population est ridiculement basse. Les yeux des nomades sont magnifiques et leur langue c'est de la musique. Au début c'est un peu étourdissant.



En sortant du camion après environ 8 heures de route cahoteuse à l'extrême (vitesse moyenne de croisière d’environ 40 km/h… et très difficile pour le dos), nous avons marché sur la poussière d’Erdenedalai, premier village rencontré. Vers le sud, aucune route n'est pavée. Le chauffeur doit être extrêmement expérimenté et connaitre le pays autant que le moteur de son camion. Aucune indication, pas de panneau, pas de repère sauf les montagnes et le soleil, puis les instructions des nomades qui y habitent... quand les repères deviennent douteux. Les routes de poussière se croisent, se suivent, se longent, se séparent. (Les compagnies minières dans le Gobi ont multipliées le nombre de routes de façon exponentielle, ce qui augmente la confusion pour les non-initiés... aussi bien que pour les inities!). C'est l'instinct et l'expérience, ( 7 années sous la bedaine. ) j'ose croire, qui a guidé Ganae (prononcer Gana), notre chauffeur ( très sympathique personnage que l'on entendait rire quand une bosse immense venait nous faire sauter dans le camion).


Village au milieu de nulle part donc, entouré de sable, presque désert, très romanesque, presque surréaliste (ils ont pourtant tous cette charge, je parle vraiment comme un touriste!) Les chiens errent dans les rues poussiéreuses. Nous admirions le paysage et je prenais un chien en photo avec une vieille bâtisse soviétique en arrière-plan quand notre guide nous donne le feu vert pour sortir nos sacs et nous installer.


Plus tard il y a ce monastère, l'un des seuls épargnés pendant le communisme. Le moine était très ravi de partager généreusement l'histoire de ce bâtiment, tout en pratiquant son anglais, qui était déjà largement mieux que mon Mongol.Voilà pour le premier soir. En bref, le plan pour ce voyage consistait à s'arrêter dans un village pour le diner et le souper était cuisiné par la guide, le soir venu, a notre camp de Gers. Ce soir-là, le premier soir, la nuit se passerait dans une guesthouse, exceptionnellement.


Je ne raconterai pas le voyage en détail et en ordre chronologique car ça risque d'être long. Mais en voici le contexte et les grandes lignes:

Khongor Guesthouse, un établissement basé à Ulaanbaatar qui accueille les backpackers, organise aussi des tours en 4x4. Ils ont une flotte de chauffeurs qui ont leur camion (de gros Fourgon russes, très puissants et totalement mécanique, sauf pour la radio... ce qui en fait une machine facile à réparer, même dans le milieu du désert, pour un chauffeur - mécano qui sait s'y prendre) et une équipe de guides sur appel qui accompagnent les touristes qui veulent visiter le pays. Les guides ne sont pas des professionnels, mais des étudiants qui parlent un peu anglais et connaissent un peu le pays, les coutumes... un peu. Arrivant dans la guesthouse, j'ai tout de suite montre mon intérêt pour un tour à travers le Gobi. Tout de suite le manager, Soyo, me propose de joindre un groupe qui cherche justement quelques personnes. Donc, quelques heures plus tard, tout était arrangé, puis le lendemain notre chauffeur nous attendait pour partir.


Le Gobi est sec. La température est correcte au début juin. Je crois que le maximum rencontré devait atteindre 28-29, mais aucune humidité. Il parait qu'en juillet c'est la canicule, jusqu'à 40 degrés. Donc nous avons choisi la bonne période. Nous étions un groupe de 6 personnes, compactés dans ce 4x4 qui pue l'essence plombée, à se faire brasser les fesses sur les routes.


Le jour 2 était prévu un arrêt à Bayanzag, petit endroit reconnu pour ses falaises rouge vives, les "flaming cliffs", qui donnent l’impression d’être en feu quand le soleil y plombe. Alyssa, Andrew et moi avons fait attendre l'équipe environ une heure, à parcourir les falaises, prendre des photos, admirer cette partie de la Mongolie.

Une heure à gambader dans ces photographies et se sentir infiniment petit et très loin de la maison, du travail, de la litière de minette et Doris. De la place pour courir, tourner, penser. Premier "ger camp". Il s’agit d’un petit emplacement pour les touristes, mais rien d'extravagant, avec 4-5 gers, une toilette sèche et un paysage incroyable. Nous dormions dans l’une de ces gers, qui compte 6 lits simple très rudimentaires et une cheminée. Nos sacs se vident et s’empilent près de ces lits. La soirée venue, nous pouvons explorer les alentour. C’est ici en fait que nous avons croisés nos premiers chameaux. Très intéressant de voir ce troupeau d'une cinquantaine de bêtes qui se suivaient au soleil couchant. Grosses bêtes au regard stupide et adorable, mais à l'allure fière et gracieuse, a première vue... J'en parlerai prochainement, car je vais en fait monter sur l'une de ces bêtes dans 2 jours.


Wednesday, June 1, 2011

Si la Mongolie jouait dans un band de death metal, elle jouerait de la bass (-Bruno Blanchet)




Ce matin, y'avait le désert dans ma fenêtre en ouvrant mes yeux. Il défilait et y'avait personne. Ni dans ma cabine, ni dehors. Je venais de rêver au Québec, je crois. Je crois que j'ai rêvé a Stéphane, et que je venais de revenir de voyage. J'avais oublié de visiter la Mongolie, et je m'en suis rendu compte une fois revenu a Montréal, en lui racontant mon voyage. Sacré Steph! Si t'avais pas été là, je l'aurais peut-être raté. Quand je me suis réveillé j'étais soulagé: l'horizon plein de sable défilait devant mes yeux derrière la fenêtre de la cabine. C'était magnifique. J'avais faim et je puais comme un gars qui est dans un train depuis une vingtaine d'heure, mais y'avait personne à impressioner... ça faisait du bien.

La Chine, je crois pas y retourner. Beaucoup trop de monde et sans la langue j'ai l'impression de rester en première vitesse. Comment découvrir la Chine sans parler aux chinois? Les paysages sont extrêmement impressionnants, surtout en sortant de Beijing. À croire qu'ils ont construits des montagnes avant les jeux de 2008 pour plaire au touristes. (sans blague, il parait qu'ils ont peinturé certaines montagnes de roche en vert, pour donner une impression environnementale... c'est un oui-dire, désolé pour ça).

Donc, je suis revenu du wutaishan le samedi. J'en ai profité pour dormir un peu, me remettre de cet interminable trajet de bus. Trajet ou j'ai constaté que les chinois n'avaient pas le pied marin; cette ville est dans les montagnes et le chemin les serpente. Après une heure, des bruits de gorges et de purge d'estomac douloureux parcouraient l'habitacle d'un côté à l'autre. J'ai parcouru les magnifiques paysages montagneux du nord de la chine accompagné d'une symphonie vomitoire généralisée, mais sans odeur... ce qui m'a surpris, et sans liquide à mes pieds... les petits sacs étaient déjà disposés à cet effet.





Donc 6 heures plus tard, de retour à mon vieil Hostel le Qian Men. Ils étaient contents de me voir (comme tous les chinois). Après une sieste et un repas, j'ai rencontré un sympatique belge, Harry, qui voyage en Chine depuis environ un an, avec sa copine chinoise, qu'il a rencontré a Shanghai. Il était dans le même état que moi. Nous avons donc partagé un moment de beuverie, sans sortir de la cour intérieur de l'hostel, déjà assez pittoresque pour savoir qu'on est en Chine. Ce qui était suffisant.

Puis on a recommencé le lendemain, à compté de 10h00 le matin, au grand étonnement de nos hôtes. Bien à l'abris de la frénésie qui vie dans les rues. Beijing vaut la peine de se taper cette frénésie, pour 5-6 jours peut-être, après quoi j'ai commencé à connaître la ville et attendre mon train pour me casser.

Je me suis endormi la veille de mon départ avec plusieurs bières dans les veines, en plus des quelques verres d'alcool maison Hongarien partagé par une famille bornée, du même pays, qui visitaient la Chine et étaient prêts à s'en sauver assez rapidement (Il ne pouvaient s'habituer aux gargarismes et autres bruits organiques des chinois qui font parti du charme pittoresque de leur merveilleuse patrie).

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Après un long et magnifique voyage de 30 heures (incluant 4 interminables heures à Erlian, les douanes, entre 20h00 et minuit) Le train ralenti devant la gare de Ulaanbaatar. La chance, encore une fois, me frappa de son douillet lambeau de cachemire quand Jacky, le type avec qui j'avais commencé à organiser un voyage dans le centre de la Mongolie, mais que j'avais annulé, faute de volontaires pour nous accompagner et ayant été référé à des amis mongoles de la personne avec qui je voyage, tenait quand même a me dire bonjour et me rencontrer. Très sympatique conversation sur la Mongolie, sur nous même et ainsi de suite. Retraité, il est tombé en amour avec la Mongolie, et la Mongole par la même occasion. Il y vit en permanence depuis quelques années.

La chance, donc, car le guesthouse qui était sensé venir me prendre n'était pas au rendez-vous (longue histoire). Les raccoleurs s'en donnaient à coeur joie! Je ne sais pas ce que j'aurais fais sans lui! Merci Jacky, tu m'as été d'une aide très précieuse!

Ulaanbaatar: ville tellement moche... mais c'est ce qui fait son charme. Les bâtiments qui datent du régime soviétique sont en état de decomposition. Le traffic est aussi intense qu'en Chine. Les gens conduisent de façon agressive. On se croirait à Montréal, mais pire. Comme si les voitures d'Ulaanbaatar disaient tout haut ce que celles de Montréal pensent tout bas.

D'après Mooghi, employé d'une entreprise touristique que j'ai rencontré pour... faire du tourisme, me dit que c'est leur sang nomade: Depuis peut-être deux génération seulement que les habitants d'UB y vivent massivement. Ils ont cette réticence à l'ordre, aux règles. Vivre dans des carrés, de petits logements, le code de la route. Vivre "ensemble". Et les touristes... ah les touristes! Le cash qu'ils ont.

Je suis sorti manger quelque chose, pendant que le soleil se couchait. À mon arrivé dans la petite cafétéria, où ils servent de bons dumplings au mouton haché, 3 jeunes Mongols me regardaient avec une attitude méchante. Les patches sur leurs manteaux déchirés étaient aussi déchirées, et leur regard me faisait ingurgiter mes dumplings avec une certaine nervosité... et une rapidité que je sens encore, à cause du mal de ventre. Heureusement que j'étais tout près de ma guesthouse... tout va bien, et je suis ben content! Mais demain je ne sortirai pas après 20h00. Et je ne m'aventuerai (oui, il y a TUERAI dans aventuerai) plus dans de petites rues louches en croyant prendre un raccourci. (Plus tôt cet après midi, sans réfléchir, je marchais pour me rendre à un point x... Quand j'ai levé les yeux et constaté où j'étais, j'ai été pris d'une panique que j'avais rarement senti... c'est en marchant d'un pas rapide, mais en gardant une cigarette au bec afin de montrer que j'étais encore plutôt cool (ne pas montrer que je panique) que j'ai regagné la rue principale... étrangement et de façon circonstantielle nommée "Peace Avenue")

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Samedi je pars pour le Gobi, avec 5 autres voyageurs, durant 7-8 jours. Ça risque d'être fort intéressant! Les photos vont venir après ce petit voyage, car ici j'ai peur de sortir ma caméra. Même mon iPhone, je ne le traîne pas. Mon passeport non plus. En fait je ne traîne que mes vêtements et maximum 50 000 tugrog. Selon les mises en garde de Jacky, du Lonely Planet, et du guesthouse, c'est beaucoup plus sécuritaire de laisser tout ce qu'on a dans le petit coffre prévu à cet effet, dans notre chambre.

Je suis vraiment une moumoune! Une poule mouillée! Un petit poussin dans une grande ville!
Je cite encore Bruno Blanchet: "En chine, j'étais le plus grand. Ici je suis plutôt intimidé." Le regard des Mongols est intense, perçant. Comme celui d'un loup (justement, mythique Ancêtre des Mongols) Ils ont les yeux plissés, pas seulement bridés, mais comme s'ils regardaient le soleil. Ils ont quelque chose de sauvage et de vraiment très beau (le terme sauvage n'ayant aucune connotation péjorative ou condescendante, mais poétique, une racine qu'ils conservent, avec leur descendance guerrière de Khan.) Bon, je commence à divaguer, il se fait tard.

À Bientôt!




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...Ah oui, Mathieu tient absolument à savoir comment vont mes selles. Mes selles vont bien Mats. Je suis en pleine forme. Je trouvais que j'urinais beaucoup après avoir pris le train, mais je me suis rappelé que je buvais vraiment beaucoup d'eau, et de bière. Donc tout est normal: je suis régulier. J'ai rencontre un couple de Halifax qui parcourent l'Asie depuis 3 ans maintenant. Jamais eu de problème de santé, jusqu'au jour ou ils ont passé 5 jours en Inde. Il faut faire attention et ne pas manger ce que l'on trouve par terre ou dans les poubelles... ou ce qui semble bouger ou simplement trop... ce qui n'est pas mon problème car chercher à manger est un défi. Donc je m'en tiens au minimum.

Wednesday, May 25, 2011

Les Autres

La peur, celle qui est difficle à apprivoiser, de l'autre. En public, difficile ne pas être sur un rush d'adrénaline. Une crainte constante et absolument non fondée. En situation de majorité mon système ne sécrète aucune chimie particulière en présence des étrangers. Mais je réalise ce que c'est que d'être une minorité visble. Les regards qui sont fascinés par ma personne. Mon corps, ma barbe, mes jambes. Comme si ça me rammenait à l'époque du secondaire.



La Chine n'est pas multiculturelle comme d'autre pays occidentaux... Le Canada en l'occurence. Entre eux, étrangers ou pas, ils semblent appartenir à une même famille. La pudeur est occidentale. Les toilettes publiques sans murs, où les gens s'accroupissent pour chier dans un trou en chinoisant à la bonne heure! Les parents qui font pisser leur petite fille sur le trottoir. Les gastrulances et flatulances aussi banales que de se moucher.

Il me reste une semaine pour m'habituer. La difference fondamentale. Cette peur... elle vient peut-être de cette différence, entre autre. Du fait que je ne comprends pas ce qu'ils disent. Et de ma déficiance de langage. Ne pas comprendre, ne rien comprendre. Je suis sourd. Je ne vois que les gestes et les expressions, qui en occident passent pour de l'hostilité, de la bravade, de l'arrogance.


Dans le train vers Datong. Un mec descend de son lit puis échappe son cellulaire par terre, à mes pieds. Je le prend et le lui rend, tout sourrire. Me répondant d'un sympatique xie xie, il m'offre une cigarette. Mais voila qu'il m'en offre une autre. Puis une autre. En essayant par tous les moyens de se comprendre (dessins, phrase book, gestes) j'ai fini par comprendre qu'il allait travailler a Datong, qu'il serait là deux jours, puis retour a Beijing. Lui de comprendre que j'y allais pour le voyage, les cavernes du yougang et les monastères suspendus, puis Wutaishan le surlendemain. Il m'offre une autre cigarette. La situation est très agréable. Une heure plus tard, l'attention est portée sur moi dans toute ma section du wagon. Comment je prononce, comment j'essais de parler chinois, les quelques mots. Les gens rient d'un rire tendre et sympatique.

Le mec m'offre une autre cigarette. Puis m'invite a prendre un repas dans le restaurant du train. Sa façon de me regarder, intense, à répétition. Chez moi j'en aurais déduis qu'il est gai. Je me le suis demandé une seconde. Je ne le sais toujours pas. Je trouvais son hospitalité un peu louche, surtout quand il m'a fait comprendre qu'il m'invitait à aller dormir dans sa chambre d'hôtel (bon, bien sûr j'ai refusé, même s'il insistait). Pourquoi il m'offrait ça? Je me suis rappelé qu'il était à Datong pour le travail. Peut-être sa compagnie lui payait sa chambre d'hôtel, qu'il me trouvait bien sympa, donc, afin de m'éviter de m'en payer une moi-même, il m'invitait à partager la sienne, chose peut-être bien normale dans l'est. Assez louche dans l'ouest. Sinophiles, qu'en pensez-vous?

Il faut dire que j'ai aussi developé un méchanisme de défense à Beijing, en me faisant aborder par toutes les crapules de l'orient pékinois. Ma hauteur fait de moi un phare repère pour ceux qui veulent se faire 100 yuans. Ils me voient venir de loin. Par exemple, ce couple rencontré près de la place Tian Anmen. En anglais, on se présente. C'était mon deuxième jour à Pekin. Je le leur ai dis, ils ont donc continué en force. Présentation, ce que je fais, ce qu'ils font, où nous allons, d'où venons nous... conversation intéressante qui a abouti dans une maison de thé à quelques 100 mètres de là. J'avais lu exactement ce scam dans le guide Lonely Planet, donc je me méfiais. Avant de commander, je regarde le menu, et me rend compte que le prix d'une caraffe de thé varie entre 280 et 1800 yuan (entre 50 et 300$). Le con, il a même osé insister, me faisant croire que c'etait la norme en chine. Je lui ai offert d'aller boire une bouteille d'eau dans un parc. Il n'a pas voulu, je me suis cassé.

Dans la même journée, plusieurs racoleurs de la sorte m'ont abordé (comme ce faux artiste qui voulait me vendre, 300 yuan (50$), au lieu de 600 (100 piasses) parce qu'il m'aimait bien, une encre sur papier de riz qui devait valoir 1 yuan dans un entrepôt de souvenirs. ça te rappelle quelque chose, Emma? :P j'ai pense à toi et j'ai compris pourquoi tu t'étais fais avoir... leur technique de vente sous pression ferait fondre en salive tous les vendeurs de voiture d'occasion du Québec... j'ai du combattre pour ne pas lui acheter sa cochonerie et qu'il me foute la paix, mais j'ai plutôt opte pour la poudre d'escampette, en l'écoutant hurler à baisser son prix de 10 yuan à mesure que je m'éloignais. Je l'ai entendu hurler 30 yuan en sortant du magasin, mais il était trop tard... son chien était mort!). (je ne mentirai en disant que je n'ai pas marché rapidement vers le métro le plus près, de peur qu'il fasse une connerie du genre que mon imagination me servait à la pellete sur le moment)

Donc après une dizaine de ces rencontres vraiment inconfortables, j'ai commencé à ne plus rien dire, marcher plus vite, crier BU YAAAAA (je n'en veux pas), m'inventer un langage et leur faire croire que je ne comprends pas l'anglais (genre de faux phonèmes russes.. celle là était particulierement amusante, à voir gesticuler la pauvre fille pour se faire comprendre "drink beer with beautifull girl!" oui oui, c'est ça ma jolie)

Le prochain je vous le prend en photo, si j'en ai les couilles!



C'est un gros paradoxe cette défensive. J'ai aussi vécu des rencontres vraiment extraordinaires. Cette familiarité chez les chinois ne se marque pas que par leur flatulances. Une chaleur entre les gens si familière justement comme on en voit rarement entre inconnus chez nous. Loin de mon individualisme agoraphobe. Comme ce maître de cerf volant rencontré au Temple of Heaven, au milieu d'un petit bois, une petite clairière, ou s'amusaient des gens, de vieux chinois passionés. Chung Wah, Maître de Cerf Volant. Je sais pas si c'est le bon terme, maître de cerf volant. Il n'en est pas le pilote ni le chauffeur, évidemment... il le laisse voler, lui faisant croire qu'il est libre. J'ai tenté de lui faire part de ma tendre poésie, mais à travers les quelques mots trouvés dans le phrase book il a probablement compris quelque chose comme Cerf-Volant et Liberté. Je n'ai pas vu de réaction mais ok.. close enought. Nous nous sommes quand même serrés la pince et avons tentés de discuter un moment. Il m'offre 2-3 cigarettes et tente de m'apprendre quelques mots chinois. C'est peine perdu. Je crois par contre que Cerf Volant se traduit par FengZhough. Mais je suis pas certain. Je suis resté assis à ses cotés pendant une bonne demi-heure a savourer cette échange qui m'a fait beaucoup de bien, au milieu d'un boisé, dans cette mégalopole.

Ce genre de chose s'est repétée à quelques reprises.. ici par exemple, au wutaishan, où les gens semblent vraiment beaucoup plus zen que dans les grandes villes. Moi et 2 chinois avons passés presque une heure à échanger des cours d'anglais / chinois a l'aide de mon phrase book. Grand moment de tendresse! On pourrait mettre ça dans une pub d'air canada!


Je suis au Wutaishan maintenant, il me reste environ 3 minutes d'internet. Donc je me dirige vers Pekin pour préparer (encore) mon voyage en Mongolie!

Plein d'autre choses à raconter aussi.