Jour 3… Ça sent le sable dans le camion, qui file à travers la poussière. Une odeur jamais sentie avant; le sable, juste le sable. C’est sec et ça sent sec, et le paysage devient sable, beige sable. J’aime beaucoup ce décor, quelque chose que je ne vois qu’en photo. Sable et bleu, sable et ciel. Je suis absorbé. Les gens parlent anglais dans le 4x4 et je ne comprends rien, j’entends une rumeur opaque de phonèmes familiers qui m’intéresse moins que ce qui nous englobe, ce paysage gigantesque, cette pleine. Nous la parcourons durant une dizaine d’heures, encore et comme toujours.
Après quoi nous arrivons aux dunes. En sortant du camion la terre ne s’intéresse plus à moi… je sens m’envahir une faiblesse intense. S’en suivent des étourdissements, maux de tête… J’ai compris que la déshydratation arrive sournoisement, sans trop qu’on la soupçonne. Je n’ai pas soif, mais l’air très sec et le sable, qui vient éroder mes bras et mes jambes, les soulager du gras et de l’humidité, s’occupent de moi de l’autre côté, par les pores de ma peau. Mon urine, d’un jaune orange très opaque, a mis quelques jours avant de redevenir normale. J’ai dû boire lentement et en grande quantité jusqu’à ce que la couleur de ma pisse redevienne transparente.
Pendant ce temps, tout de même, nous voilà dans le vrai désert. Enfin, à ses portes. Le Khongor Sand Dunes est un endroit très au sud (« près » de la frontière de la chine… il ne faut surtout pas essayer de se rendre en chine en passant ici) qui « démarque » la frontière d’un désert de sable gigantesque, impressionnant, un peu épeurant quand on se figure son hostilité. En organisant cette expédition, nous avons vu sur la feuille « Khongor Sand Dunes »… « Sand Dunes »! Ces mots arrivent à notre cerveau comme une promesse, une raison de se mobiliser. Nous imaginant au sein de ces Dunes, nous avions choisi d’y rester 2 jours plutôt qu’un seul. Donc une journée complète après l’arrivée. Très bonne décision car première journée, nous arrivons milieu d’après-midi : une tempête de sable nous empêcha de faire, je dirais, tout ce qu’on peut faire dans le désert à l’extérieur d’une Ger, Tel que rencontrer les chameaux qui allaient nous amener aux dunes, puis escalader ces dites dunes. Il fallait donc attendre au lendemain. La fin d’après de l’après-midi fût assez relax, à prendre des photos de la tempête, à l’abri dans la Ger, à manger, boire de l’eau chaude et du thé, jouer aux cartes.
Enfin, après 20 minutes, j’ai eu envie de faire du cheval. Le chameau ne galope pas, suit le troupeau et en plus il pue. C’est pas très excitant sauf pour l’expérience... Ces bêtes (et leur guide) nous ont menés jusqu’au pied des dunes de sable. Voilà un défi de taille.
Notre expérience avec ce type de terrain s’est résumé à tenter l’escalade d’une dune, que j’ai appelé « the gate », la barrière. La première Dune avant d’entrer dans le désert de sable, une « Fat ass Dune ». Nous avons mis environ 50 minutes pour arriver au sommet, à environ 100-
Je sentais, en escaladant, les milliers de cigarettes qui hurlaient dans ma cage thoracique. Seule l’orgueil m’a poussé jusqu’en haut. Malheureusement, je n’ai pas de preuve visuelle car ma caméra était restée dans la Ger. Le sable lui aurait forcée à prendre son dernier cliché. Mais nous sommes finalement arrivé là-haut. En levant les yeux au travers le sable qui nous « sandblastait » le visage, d’autre sable, à perte de vue. Un paysage hostile et effrayant qui peut assécher quelque chose de vivant tout simplement en étant. Je n’ai quand même pas pris le risque de retomber l’autre côté. Puis après quelques clichés de mes compagnons de voyage, nous avons sautillé jusqu’à la terre ferme pour passer les 15 prochaines heures à nous en remettre. Expérience assez éprouvante avec le facteur assèchement, chose que j’ai trouvée intéressante à vivre quand même.